Belle découverte pour Canio Marchione

Habitué des titres sur le Championnat Luxembourgeois, Canio Marchione s’attaquait en 2023 pour la première fois au Championnat de France. Une saison de découverte au volant d’une nouvelle Osella PA2000 avec laquelle il allait enchainer d’excellents résultats.

Garagiste de son état, Nicolas Marchione, le père de Canio fut également pilote. Dans les années 60 c’est au volant d’Alfa Romeo GTA, de Fiat Abarth, de BMW 2002 qu’il prenait part à des compétitions automobiles. Une carrière qu’il ne poursuivra pas dans les années 70, Canio n’a donc pas eu l’occasion de voir son père exprimer ses talents de pilotes derrière le volant.

Pour autant, chez les Marchione les conversations restaient axées autour de l’automobile. Car s’il ne courrait plus, la passion pour le sport auto restait vive et Nicolas allait la transmettre à son fils Canio. Mais comme tout bon Italien qui se respecte, Canio Marchione vouait également un penchant particulier pour le football qu’il pratiquera durant de très nombreuses années.

Italien de naissance, Canio Marchione a vu le jour dans le sud du pays, sur les bords de l’Adriatique. Mais c’est au Luxembourg que la famille a élu résidence et qu’elle gère aujourd’hui un garage automobile. Une activité professionnelle qui durant de nombreuses années lui laissait peu de temps de libre, c’est pourquoi c’est sur le tard que Canio disputera ses premières courses : « J’ai d’abord fait quelques épreuves avec une Fiat 127, mais j’ai réellement commencé à me construire un programme de courses à partir de 2010 », se souvient l’Italien. « Ma première participation à l’intégralité du Championnat du Luxembourg remonte à 2014. »

S’il a eu l’occasion de faire quelques apparitions en circuit sur des épreuves d’endurance, Canio Marchione a fait l’essentiel de sa carrière sportive en courses de côte : « J’ai également fait un peu de circuit en historique et du karting en KZ, avant tout pour ne pas perdre la main durant la pause hivernale. »

Lors de sa première implication sur le Championnat Luxembourgeois, au volant de sa Fiat 127 Canio rentrait dans le top 5 : « Mais il n’y avait pas de championnats distincts entre les voitures ouvertes et fermées, et je me souviens que je jaugeais plus de mes performances en les comparant avec les chronos des participants à la Berg Cup en Allemagne, car eux évoluaient avec des autos similaires à la mienne. Dans la classe 1400, à cette époque, j’ai souvent remporté des victoires. »

Des succès qui incitaient Canio Marchione à se diriger vers une voiture plus performante. En 2016, la Fiat 127 laissait place à une Volkswagen Scirocco avec laquelle il remportait son premier titre national en 1600 cm3. La véloce allemande se voyait offrir par la suite une motorisation 2 litres, et là encore Canio remportait le trophée national dans sa catégorie. En 2018, c’est au volant d’une BMW 320 Super Tourisme que l’Italien affrontait les épreuves du Championnat du Luxembourg. Il sera à nouveau titré en 2018 et 2019.

Une médaille d’or sur les FIA Hill Climb Masters
Fait d’arme important pour Canio Marchione, son intégration au sein de l’équipe Luxembourgeoise qui allait défendre les couleurs de la Principauté à l’occasion des FIA Hill Climb Masters organisés en 2018 à Gubbio, en Italie : « L’épreuve se déroulait dans mon pays natal, en présence de nombreux amis et des membres de la famille. Et avec l’équipe du Luxembourg nous avons remporté la Coupe des Nations. Cette médaille d’or avait une saveur particulière parce que c’était pour nous un exploit totalement inattendu. Il faut rappeler que le Luxembourg est un petit pays, qui ne compte pas énormément de licenciés, et parvenir à décrocher ce titre face à l’élite de la discipline ça restera un souvenir impérissable, un moment d’une intense émotion, certainement un de mes plus beaux souvenirs en sport automobile. »

En 2019 Canio Marchione relançait sa BMW 320 sur le championnat luxembourgeois et conclura sa saison par un nouveau titre. Après une saison 2020 durant laquelle, crise sanitaire oblige, Canio n’aura pas l’occasion de courir, il décidait de changer de monture. Il se tournait alors vers la catégorie Sport et faisait l’acquisition d’une Osella JRB propulsée par un moteur de moto : « En 2021 j’ai remporté le Championnat Luxembourgeois avec ce proto et je conserverai mon titre à l’issue de la saison 2022 que j’ai disputée avec la même voiture. »

Pour la saison 2023, Canio Marchione se séparait de son Osella 1000 cm3 pour faire l’acquisition d’une Osella PA2000 qui, sur le Championnat de France de la Montagne allait évoluer dans la classe E2-SC/2. Car si jusqu’alors Canio n’avait jamais eu l’occasion de participer au CFM, il avait pu affronter certaines épreuves – Abreschviller, La Broque, Turckheim – qui sont apparues à plusieurs reprises au calendrier luxembourgeois.

Découverte du championnat et de l’Osella
Même s’il aligne les bons résultats et les trophées, Canio Marchione estimait à l’approche de la saison 2023 que son expérience en proto restait limitée : « D’où le choix de l’Osella PA2000 parce que je considérais que c’était un excellent compromis entre la JRB à moteur de moto et les proto de la catégorie reine, les E2-SC/3… J’avoue avoir hésité à opter pour un Proto 3 litres où une E2-SC à moteur turbo, mais il me semblait que l’Osella PA2000 correspondait bien à mes attentes. J’ai le sentiment d’être toujours en apprentissage du pilotage d’un proto, et à mon sens il n’aurait pas été judicieux de vouloir griller les étapes », analyse humblement Canio.

C’est donc au volant d’une Osella bénéficiant d’une motorisation 2 litres atmosphérique que Canio Marchione abordait sa première participation au Championnat de France de la Montagne : « J’étais conscient que j’allais être pénalisé par rapport aux voitures à moteurs turbocompressés qui évoluent en E2-SC/2, mais je le répète, c’était avant tout une année de découverte, les résultats n’étaient pas la priorité. » Dans l’esprit de Canio Marchione participait au CFM allait lui permettre de découvrir de superbes courses : « En termes de tracés, d’organisation, c’est un must. Et puis le Championnat de France et avec celui d’Italie le plus relevé des championnats européens. J’avais donc la certitude de pouvoir apprendre au contact d’excellents pilotes disposant de voitures ultra performantes. »

C’est en mode découverte que Canio Marchione se lançait sur sa première campagne de France, sans viser de position au championnat : « Je reste un compétiteur et j’espérais bien évidemment être dans le coup. J’ai toujours abordé la course en donnant le meilleur de moi-même et c’est avec cette approche que j’abordais le CFM. Je savais que j’allais devoir découvrir non seulement ma voiture mais également la plupart des épreuves. De ce fait il fallait que je sois particulièrement appliqué pour rester performant. »

A l’heure d’aborder la Course de Côte de Bagnols-Sabran, par laquelle Canio Marchione débutait sa saison, il n’avait quasiment pas eu l’occasion de tester sa nouvelle monture : « C’est à mon sens une course très compliquée lorsque l’on débute avec une nouvelle voiture. C’est étroit, bosselé, et ça ne laisse aucun droit à l’erreur. J’ai donc roulé pour cerner l’Osella, m’imprégner de l’ambiance du Championnat de France. J’en garde un très bon souvenir même si ce n’est pas ma course préférée. Et puis j’ai la chance d’être ami avec Fabien Frantz, qui roule avec la même voiture que moi, et qui avec son immense expérience a pu me donner de très précieux conseils. »

S’il est très difficile à mémoriser, notamment sur le haut du parcours, le tracé du Col Saint-Pierre n’allait pas offrir à Canio Marchione les mêmes difficultés que celui de Sabran. Le licencié Luxembourgeois allait rapidement trouver ses marques sur cette épreuve : « Le parcours correspond plus à ce que j’avais pu connaitre par le passé sur des épreuves en Allemagne ou en Suisse, des tracés plus longs, sinueux par moments mais avec des portions rapides. Et je me suis rapidement senti à mon aise. J’avais également changé de pneumatiques, et ils montaient nettement mieux en température. J’ai vraiment eu un coup de foudre pour ce Col Saint-Pierre sur lequel je me suis fait réellement plaisir avec des chronos très satisfaisants », estime Canio qui, pour sa première participation, se classe au huitième rang.

A Abreschviller, Canio Marchione retrouvait une course qu’il considère un peu comme, ''son terrain de jeu''. Il a participé à plusieurs reprises à l’épreuve mosellane dont il connait les spécificités : « J’avais de nombreux repères en voitures fermées mais également avec l’Osella JRB. Le tracé est plus facile que celui du Saint-Pierre et je suis ravi du résultat. Je signe des chronos à la hauteur de mes espérances », commente Canio qui termine cinquième au scratch.

La suite du championnat allait être pour Canio une découverte. Il se rendait en effet pour la première fois à Marchampt : « J’ai bien aimé l’organisation et ce tracé rapide. J’en garde un bon souvenir parce que la configuration de cette épreuve correspond bien à l’Osella PA2000. Il n’y a pas de grosses relances, et l’on peut plus facilement exploiter le moteur qu’il faut conserver constamment dans les tours. » Là encore le résultat peut être considéré comme excellent, Canio se classait au septième rang sur cette épreuve qu’il découvrait.

Si à Marchampt les relances sont peu nombreuses, en revanche elles sont fréquentes à Vuillafans où dans la logique des choses l’Osella était nettement moins à son affaire. Pourtant Canio estime avoir livré là sa meilleure prestation de la saison : « C’est technique, difficile, il faut avoir un gros cœur, et j’ai la satisfaction au final de terminer pas très loin de Fabien (Frantz) qui est chez lui sur cette épreuve. » Neuvième au général, Canio pointait en effet dans le sillage de son ami qui se classe au huitième rang. « Avec le Col Saint-Pierre, ça restera ma plus belle course de cette saison 2023. Vuillafans c’est une ''vraie'' course de côte et j’ai pris un énorme plaisir sur cette épreuve. »

On retrouvait par la suite Canio Marchione à Osnabrück, mais son week-end allemand n’allait pas se dérouler comme il aurait pu l’espérer : « Je suis sorti de la route et j’ai assez sérieusement endommagé mon Osella. Malheureusement, de ce fait je ne pouvais pas l’aligner au départ de Turckheim. »

Canio Marchione sera tout de même présent sur l’épreuve alsacienne, non pas dans le cadre du Championnat de France de la Montagne, mais engagé sur le Trophée des Nations : « Pour l’occasion j’ai ressorti du garage la BMW 320 Super Tourisme sur laquelle nous avions apporté des évolutions que nous n’avions pas encore eu l’occasion de tester. C’était l’opportunité de voir si tout fonctionnait correctement. » Mais avec un moteur et des freins en céramique totalement neufs, Canio ne pouvait pas pousser sa monture dans ses derniers retranchements : « Elle était en rodage, il fallait faire attention à ne rien endommager. Et puis je voulais avant tout me remettre en confiance après une sortie de route à Osnabrück qui avait été assez violente. » La confiance retrouvée, il terminait Turckheim à la deuxième place du Trophée des Nations.

Belle saison en France, et nouveau titre au Luxembourg
A une belle découverte du Championnat de France de la Montagne, viendra s’ajouter en fin de saison un nouveau titre de Champion du Luxembourg, de quoi tirer un bilan largement positif de cette année 2023 : « Je me suis fait super plaisir avec cette voiture. J’ai découvert des tracés magnifiques et très intéressants et de superbes organisations. J’ai fait de très belles rencontres, d’excellents pilotes et de gens passionnés. Avec Fabien et d’autres concurrents j’ai passé de supers moments. »

C’est vers sa famille que vont les premiers remerciements de Canio Marchione : « Ils me permettent de m’absenter, mon père, mon frère et ma sœur palliant mes absences. Donc un grand merci à Nicolas mon père, mon frère Donato et ma sœur Manu. Un grand merci à mes partenaires : APL, Sonax, By Marchione Créations, Total, Lubalux, Assurances Latini et Bujcovski, Lettrage 24, ACL Sport, NP Racing, LRM. Merci également à mes mécaniciens, Marco et Daniel, à tous les gens qui me suivent ainsi qu’à Fabien (Frantz) qui m’a donné un énorme coup de main pour découvrir les tracés et énormément de conseils pour aborder les épreuves. »

L’Osella PA2000 est à présent réparée et Canio Marchione peut donc s’installer à nouveau derrière son volant, mais pour l’heure il ne sait pas encore de quoi sera fait son programme : « Je dois avant tout gérer mon garage et je ne dispose pas d’autant de temps libres que je le souhaiterais. Je dois concilier le Championnat de France avec quelques courses de karting prévues en début de saison et quelques épreuves du Championnat du Luxembourg des courses de côte », confie Canio. « Je n’ai pas encore défini mon programme et même si je sais que je serai au départ de quelques épreuves du CFM, il m’est impossible de dire aujourd’hui exactement lesquelles », conclut Canio.


Propos recueillis par Bruno Valette ©

 

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